Heure de pointe, j’inspire profondément, puis je plonge dans la houle, la foule pardon. Une fois dans la rame, compressée par les autres qui comme moi sont compressés par des autres, je tente de mettre mon cerveau sur Off… Mais la conversation en wolof de ma voisine m’agrippe au réel, tandis que le coude de mon voisin me bloque la joue, braquant mon regard sur la conversation sans fond qu’une ado échange par messages via son smartphone. Je suis dans la matrice, je suis dans le RER B, je suis dans la masse, le troupeau, le cheptel, et en silence, je meugle.

Première fois que je le prends ce transport en commun. Le mot commun prend tout son sens ici, car tout est mutualisé, mis ensemble, mélangé, malaxé. Le réseau, le wagon, la barre moite de lap dance où seuls dansent les démons de la cité. La sueur aussi elle est mise en commun et l’haleine, et la haine.

Autour de moi, un décor de corps aux esprits vagabonds, des visages figés sur des écrans tactiles, partout des clics, mais sans déclic. Je me sens seule dans cette masse absente, ma stupeur noyée dans cet océan de pseudo passivité ou de fausse résignation. Ils se sont habitués qu’on m’explique. Il faudra que je m’y fasse qu’on me réplique. Mais non, je ne pense pas que l’on s’y fasse. On ne fait que bâillonner notre conscience, taire nos sens, tout éteindre, juste feindre. Et se rassurer à force de considérations telles que « on n’y peut rien », « c’est comme ça », « c’est le temps d’un trajet », etc.

Un trajet. Juste un trajet. Puis un autre, le soir. Puis un autre, le lendemain. Puis encore un. On les avale, bouchée après bouchée, sagement, on déglutit ce pâté au goût dégueu, au goût de gueux.
Bref, j’ai pris le RER B.
Je suis fan. C’est exactement ce que je ressens en prenant cette ligne.. Raison pour laquelle je l évite… 👌
Un ressenti décrit avec justesse. Oh combien ressenti tout les matins dans le tram. L’envie de dégobiller. Juste de l’oxygène pour ne pas s’évanouir.
Se sentir seule tellement dans un univers mal orchestré.
❤️Un texte rappeur
Je l’ai relu et relu. J’aime son rythme